lundi 14 mai 2012



3ème extrait

L’Espagne ou la relance par l’immobilier

L'Espagne représente l’exemple d’une création toute artificielle de bulle immobilière par les pouvoirs publics et les principaux promoteurs du pays. Ce qui nous intéresse ici est de savoir comment dans un premier temps des prix peuvent augmenter de façon continue mus par des politiques de relance de l’emploi et de la consommation, en dehors de toute réelle demande de logements voire de difficultés d’obtention de permis de construire et fléchir par la suite pour produire à grande ampleur des contre-effets gigantesques.

 
Au regard d’une population active paupérisée et d’un chômage endémique (particulièrement virulent), l’Espagne choisit au milieu des années 90 de relancer l’emploi en lançant de vastes programmes immobiliers tant dans le domaine du tourisme que du logement.


Les déséquilibres macro-économiques s’accentuant pendant les années 80 avec un chômage à un taux supérieur à 20 % en 1984-85 (1), la libéralisation d’un pays traditionnellement protectionniste (barrières tarifaires maintenues après 1970) doté de marchés financiers peu développés, d’un manque de concurrence entre les banques et les institutions financières, d’une place importante des établissements publics servant des objectifs non financiers fixés par le gouvernement, d’instruments d'épargne peu diversifiés, d’une prépondérance de titres de dette publique, de taux d'intérêts fixés administrativement, d’obligations de portefeuille imposées aux banques et d’une large part de crédit subventionné ne put qu’avoir des effets très profonds dans l’évolution économique et sociale.


Dès 1986 en effet, tant la moitié de l'écart entre les tarifs espagnols et le tarif extérieur commun que la quasi-totalité des contingentements furent supprimés. L'introduction de la TVA cette même année en remplacement des taxes en cascades réduit automatiquement les subventions implicites aux exportations et la protection contre les importations. Dans le même temps l’Union (appelé alors Communauté ou CEE !) abaissa les quotas sur plusieurs produits exportés induisant une levée des barrières commerciales et un accroissement des importations (hors énergie) supérieur à la demande.


Les restrictions sur les entrées de capitaux, traditionnellement faibles en Espagne furent parallèlement intégralement levées en 1985 en préparation de l'accession à la CEE et les déréglementations tant des marchés de valeurs mobilières que des taux d’intérêt furent achevées en 1989. Les restrictions sur les sorties de capitaux, à l’origine relativement contraignantes furent assouplies et les transactions sur les bourses étrangères libéralisées par la suite.


En accentuant l'ouverture des économies, l'adhésion à la CEE rendit plus sensible la contrainte extérieure se traduisant automatiquement par des réformes micro-économiques. Flexibilité accrue du marché du travail par l’assouplissement des législations en vigueur et l'introduction de programmes d'emploi à durée déterminée favorisant le travail à temps partiel et les contrats emploi-formation, ces différentes mesures permirent au final d'adapter les nouvelles embauches aux modifications des conditions de l'offre et de la demande, celles-ci entérinées par l'investissement direct étranger attiré par le faible niveau des coûts de main - d'oeuvre, les incitations à l'industrie et le climat politique apparemment stable.

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