jeudi 26 avril 2012

Je reviens une nouvelle fois sur les propositions du PS qui ont le mérite d'exister. Outre la création d'Eurobonds, FH veut solliciter la Banque Européenne d'Investissement (BEI). Extrêmement décriée jusqu'alors dans sa politique de prêts, la BEI reste qu'un organisme de prêts dont le capital est de 232Mds€ détenu par les 27 membres de l'UE.

Si la BCE reste avant tout une banque exclusivement dévolue à la politique monétaire et dont le capital est de près de 11Mds€, la BEI semble destinée, elle, à développer des projets de développement industriel (infrastructure, R&D, etc). Nous pouvons en conséquence nous demander comment la BEI pourrait être activée dans une politique communautaire soutenue de grands travaux au regard de la complexité de son organisation (27 Etats-membres)! Comment dans un tel cadre se déroulera la sélection de projets pouvant profiter à la France? Tout ceci reste très théorique et abstrait! Par ailleurs, la BEI ne se finance que sur les marchés financiers qui continueront de rester suspicieux tant que les dettes souveraines ne seront pas diminuées. Je ne vois donc pas en l'état comment cet instrument peut nous aider à court terme.   

FH aborde également la possibilité d'intervention des fonds structurels européens à savoir le  Fonds Européen de Développement Régional (FEDER), le  Fonds Social Européen (FSE) et le Fonds de Cohésion (concernant uniquement les Etats membres de l'Union européenne ayant le plus de difficultés économiques cf Wikipédia).Tous ces fonds restent toutefois conditionnés dans leur octroi à des déficits publics limités: sauf à modifier les statuts, je ne vois pas comment ceux-ci peuvent intervenir rapidement et dans quelle proportion! Comment seront-ils par ailleurs abondés ou financés tant l'Eurozone est saturée de dettes publiques et privées.

Arnaud Montebourg  (http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-matinale-politique-avec-arnaud-montebourg-2012-04-26) a fait référence à un fonds souverain sans préciser s'il s'agissait d'un fonds français ou d'un fonds européen. Outre qu'un tel fonds est créé sur un excédent budgétaire (cf Chine, Russie, Dubaï, Emirats, etc), l'alternative se pose de la dimension de ce dernier: s'il s'agit d'un fonds français, quel sera l'origine de son capital et sa relation avec le Trésor? S'il est européen, sa composition et son capital restent des questions sans réponse à brève échéance.

En fait seule l'application d'une taxe financière serait suceptible d'être mise en oeuvre, celle- ci restant conditionnée à l'effectivité de sa redistribution: une taxe, d'accord! mais pourquoi faire? S'il s'agit d'une taxe pour suppléer à l'absence de transfert budgétaire, pourquoi pas?!, ce serait une bonne voie! s'il s'agit de collecter des liquidités pour les réinvestir dans des instruments dont l'objectif reste faiblement défini, ce sera une pure perte!  

Nous voyons bien ici que l'enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Les français ont besoin d'une action rapide de sauvegarde de leurs conditions de vie. L'échelle européenne et transnationale reste indiscutablement lourde et lente!

Pour clore ce billet, il reste deux propositions dont une énoncée par FH en début de campagne: d'une part la séparation banque d'investissement et banque de dépôt, d'autre part la relocalisation des entreprises.

L'instauration d'un Glass Steagal Act à la française ou européenne s'est un tant soit peu évanouie des débats. A supposer en effet la mise en place d'une stricte séparation, la question se posera une fois de plus de l'application d'une telle loi sans main-mise de l'Etat sur le secteur bancaire. FH ne nationalisera pas celui-ci: en conséquence, on peut douter de la perrennité d'une telle loi sans contrainte!

Quant à la relocalisation, Montebourg l'a évoquée sur FC en prenant l'exemple d'Obama aux USA.  Cela reste une nouvelle fois très abstrait: outre le fait qu'il faudra soit reconquérir ces entreprises par des primes ou des cadeaux fiscaux, il faudra aussi évaluer le retour sur investissement par le nombre d'emplois créés; par ailleurs ces derniers seront-ils d'une valeur attractive suffisante pour une population active diplomée ou seront-ils du low-cost? Plus dramatiquement, la relocalisation attirera malheureusement deux types d'entreprises: soit celles en échec de la globalisation induisant peu de nouvelles embauches soit plus sûrement des chasseurs de primes (cf ce qui s'est passé pour les 35h!). Bref nous sommes une nouvelle fois dans le voeux pieux!

mercredi 25 avril 2012

Quelques remarques sur la situation des taux dans l'Eurozone. On ne le dira jamais assez: les taux ne reflètent pas leur niveau réel. Si les banques proposent approx 4,40% pour 25 ans en taux fixe, ils sont en réalité d'une valeur supérieure pour une seule raison fondamentale: l'accès au crédit immobilier est quasi-fermé! Autrement dit, le prix de l'argent est en fait à 6% voire plus!malgré un coût de refinancement quasi-nul.

Ce qui est finalement clair est la prise de conscience progressive par les populations de la dimension de cette crise à savoir l'impossibilité d'appliquer des remèdes sans mettre à mal les fondements du système. Cette entropie est actuellement à l'oeuvre.

L'inflation est en cours en France et dans l'Eurozone principalement importée par les coûts du brent et de l'alimentation. Afin de ne pas majorer les prix, les taux d'intérêt se doivent d'être relevés tout en indexant les salaires: ce n'est pas fait! Draghi ayant choisi de mimer Bernanke!
Les taux sont donc abaissés en violation des statuts de la BCE et la consommation ne repart pas, ces liquidités n'étant pas prêtées! Trappe à dettes, trappe à liquidité.... ce qui est sûr c'est que le système craque de partout!

La solution des eurobonds reste des plus mystérieuses dans ce contexte d'insolvabilité des intermédiaires bancaires. Par exemple, les avoirs en assurance vie des français sont approx. de 1500Mds dont 80% investis dans les OATs donc déjà dépensés! Si on veut réorienter ces avoirs, seules les compagnies d'assurance le peuvent, celles-ci devenant créancières de l'Etat Français en lieu et place du particulier: mais ont-elles en liquidité une telle masse? Et quand bien même! ces avoirs ne seront pas suffisants!

jeudi 12 avril 2012

(introduction conférence du 11 Avril 2012)


Merci pour votre présence ce soir pour la présentation du livre « La Grande Chute de l’Immobilier Occidental ».

Je me contenterai non pas de faire une synthèse mais quelques commentaires de mise à jour du livre en quatre points.

L’immobilier est et restera un reflet des particularismes d’un pays. Il n’y a pas un immobilier mais des immobiliers. Que vous soyez à Madrid, Londres, Paris ou Prague, construire une habitation c’est renouveler le voisinage, redessiner sans cesse la relation entre le foyer et le travail, définir les rapports aux temps libres par la mobilité des ménages à travers un paysage de commerces, d’administrations, d’institutions, d’infrastructures de loisirs. La résidence occupe en définitive une place à part de nos société modernes parce qu’à la fois refuge et facteur de développement, protection et sociabilisation. Une société humaniste n’est donc rien sans un logement digne de ce nom, sans la dignité faite au logement et la situation de ce dernier reste déterminée par des conditions propres à chaque pays. Tel a été aussi l’enjeu du livre.

Le regret cependant de n’avoir pu approfondir la partie sur les USA est tempéré par les nombreux articles du LEAP sur l’état économique du pays et l’évolution de la crise systémique depuis les subprimes, ceux-ci ayant été le révélateur du désir de millions d’américains de bien se loger.

Le deuxième point tient à l’anticipation proprement dite, à sa méthode. L’anticipation n’est pas l’annoncée d’une date de survenance d’un événement précis à venir mais un raisonnement structuré autour de la mise en évidence d’un enchainement de faits. La mise en lumière de ce déterminisme consiste de facto à évacuer toute subjectivité et à se placer dans une position au-delà de tout clivage idéologique.

Je peux vous donner différents exemples. Le nombre de ventes dans une année, la baisse ou la hausse des taux d’intérêts, le nombre de permis de construire sont des faits c’est-à-dire des éléments officiellement enregistrés.

Le taux d’intérêt est le prix de la monnaie: si les taux d’intérêt sont élevés, cela signifie que l’Euro est une monnaie très demandée donc cher ! L’anticipation tend à se poser la question de savoir si ce taux est le seul élément pertinent pour déterminer si une monnaie a de la valeur sur un territoire donné. Ce degré de pertinence est un outil d’aide à l’anticipation parce que permettant de pouvoir pratiquer des corrections. Il est apparu depuis presque 10 mois que l’accès au crédit était aussi un facteur de détermination de la cherté de la monnaie!

L’anticipation se doit de prendre en compte l’accident, l’imprévu, l’inattendu. Dépendant de l’irrationalité des hommes, la bonne anticipation reste une équation à une inconnue dont l’ampleur est limitée.

Autre exemple: la signification de l’augmentation de la masse monétaire. Plus de monnaie en circulation par l’augmentation des salaires ou l’augmentation des crédits augmente la consommation et diminue l’épargne. Deux facteurs récents ont prouvé que ce facteur ne s’avérait pas totalement vrai : le chômage de masse influe sur l’augmentation à épargner et la mondialisation financière retient le surplus monétaire sur les marchés secondaires autrement dit n’entraîne ni plus de consommation ni plus d’épargne ! C’est la fameuse trappe à liquidité de Keynes prouvant quotidiennement que le Quantitative Easing est une absurdité ! La monnaie tue la monnaie !

Le troisième point concerne les solutions patrimoniales: parce qu’une chute n’est jamais linéaire, parce qu’elle comporte en elle-même des aléas induisant des ralentissements ou des rebonds, les solutions dépendront aussi de l’état du marché à un moment donné: l’idée sous-jacente n’est pas de faire du sensationnel mais bien de profiter de l’effet d’aubaine d’une part et de bien identifier la part de l’immobilier qui ne sera pas entachée par la crise.

Le quatrième point concerne la forme du livre.  Celui-ci se veut un outil d’aide à la décision et non une réflexion doctrinale; il se veut donc accessible par son style au plus grand nombre pour une compréhension du monde nous entourant permettant tant au chef de famille qu’au chef d’entreprise de prendre les décisions en connaissance de cause.

Merci.

mardi 10 avril 2012

Les 50 premiers exemplaires du livre "La Grande Chute de l'Immobilier Occidental" seront en vente demain lors de la conférence.

jeudi 5 avril 2012

Très prochainement sur le site d'Anticipolis un forum de discussion autour du livre "La Grande Chute de l'Immobilier Occidental" animé par les deux auteurs.