samedi 7 juillet 2012


Olivier Berruyer sur un large panorama de la Crise...

1) La création monétaire par l'Etat est en principe fonction de la croissance de son PIB. Dans le cas contraire, il y a un risque d'inflation. Au delà de la loi Pompidou-Rothschild de 1973 interdisant au Trésor de présenter à l'escompte ses effets à la Banque de France contraignant l'emprunt public sur les marchés, l'Etat ne peut augmenter la masse monétaire in extenso sans contrepartie de remboursements de prêts; autrement dit une dette publique dépassant le PIB n'est pas admissible.

-  La monnaie peut donc être créée par un Etat souverain ("battre monnaie" est un principe régalien) via sa banque centrale, ce qui revient à "se prêter à soi-même" sans intérêt (ce que fait la FED par exemple!)! Le risque est qu'il n'y ait donc pas de destruction monétaire correspondant: la gestion de la dette publique reste donc bien problématique sous cet angle. Ce risque est théoriquement aboli par l'Eurozone, la BCE ayant le monopole de la création monétaire: les dettes publiques sont gérées non pas directement par des prêts de la BCE aux Etats mais par les banques privées, celles-ci se refinançant auprès de la BCE. 

- "Les dépôts font les crédits qui font la monnaie!" Quand une banque octroie un prêt, elle augmente la masse monétaire de ce montant, cette dernière étant réduite par le remboursement. Sachant que les banques se prêtent entre elles, elles ont besoin de la banque centrale (BCE) pour avoir des liquidités, le taux directeur de la BCE permettant de maîtriser la vitesse de circulation de la monnaie et d'agir in fine sur les prix: plus le taux de refinancement sera élevé (Euribor), moins les prix auront tendance à monter (cf statuts de la BCE). 

2) La BCE n'est pas une banque centrale dotée de la prérogative de création monétaire: tout le système tient dans les banques privées! Elle a en effet besoin de remboursements afin de maîtriser la masse monétaire d'où l'absence d'un Trésor européen qui aurait pu emprunter directement sans contrepartie véritable (le fameux prêt à soi-même!): ce système des réserves obligatoires permet non seulement à la BCE d'éviter toute dérive monétariste mais aussi de peser sur l'activité bancaire en les obligeant à se refinancer.

3) La BCE depuis 2007/2008 a clairement outrepassé ses statuts:

- Son taux directeur devrait être remonté afin de juguler une inflation par les coûts ce qui n'est pas le cas voire l'inverse actuellement.

- Son activité de refinancement en liquidité des banques en contrepartie de mise en réserves par celles-ci pèse plus de 3000Mds€ soit approx. 32%PIB soit le double depuis 2007 signifiant qu'un manque de liquidité est avéré dans l'Eurozone non compensé par une augmentation proportionnelle des réserves obligatoires.

- Ce refinancement (LTRO) a pour but d'une part de consolider les bilans bancaires à long terme mais aussi de permettre aux banques de financer les Etats endettés. Ces LTRO créént donc un effet de levier important pour une augmentation de masse monétaire ne correspondant pas à une quelconque croissance du PIB mais à la double nécessité de combler des déficits publics d'Etats dans l'incapacité de rembourser en raison d'un taux de croissance atone et des pertes privées de banques détenant tant des créances publiques très risquées que privées (valeurs titrisées sur de l'immobilier à risques essentiellement!). Bref les probabilités de défauts de paiements et d'inflation (voire d'hyperinflation) sont importantes!

Addendum à la décision de la BCE de racheter sur le marché secondaire des obligations d'Etat de 1 à 3 ans en quantité illimitée:

- Cela reste un copié-collé de ce que fait la FED envers son système bancaire: cela aura pour effet de gonfler le bilan de la BCE de créances douteuses d'une part et d'injecter de la l'argent frais dans le système bancaire, ce dernier levier "stérilisé" afin d'éviter toute augmentation de la masse monétaire (soit très probablement l'obligation pour les banques concernées de reverser ce refinancement dans les réserves obligatoires qu'elles disposent à la BCE, celle-ci bénéficiant bon an mal an d'une reconstitution de ses fonds propres (à suivre).

- Ce type de mesure hormis de rebooster les bourses et de détendre à quelques jours les taux des obligations d'Etat n'a pas d'effet ni sur la croissance ni sur le chômage (cf USA). La solution sauf à revenir à une situation "ante" serait axée sur les deux points suivants:

- Les Etats doivent pouvoir émettre des obligations rachetables directement par la BCE de manière à stériliser la spéculation;

- La création d'un Trésor européen chargé de financer les déficits publiques.

Une solution bâtarde pro financière ne ménera à rien!  

 

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